Histoire de Saint-Cannat

Les Saint-Cannadens doivent leur nom à Canus Natus, évêque de Marseille au Ve siècle, et le village de Saint-Cannat se glorifie d'être assoccié à l'histoire du célèbre Bailli de Suffren.
Les premiers peuplements du site restent encore mystérieux, dans l'attente de résultat de fouilles qui restent à faire. Toutefois, il est probable que les Romains y ont établi des villas. Par ailleurs, il est possible, comme l'avancent certains archéologues, qu'un castrum y ait existé, au moins dès l'époque gallo-romaine. Les Francs Salyens ont ensuite succédé aux premiers ermites. Fait certain : les denses forêts des flancs de la Trévaresse ont été de hauts lieux druidiques, très fréquentés par les populations des villes environnantes.

Naissance de Saint-Cannat

Les Saint-Cannadens doivent leur nom à Canus Natus, évêque de Marseille au Ve siècle, et le village de Saint-Cannat se glorifie d'être assoccié à l'histoire du célèbre Bailli de Suffren.
Les premiers peuplements du site restent encore mystérieux, dans l'attente de résultat de fouilles qui restent à faire. Toutefois, il est probable que les Romains y ont établi des villas. Par ailleurs, il est possible, comme l'avancent certains archéologues, qu'un castrum y ait existé, au moins dès l'époque gallo-romaine. Les Francs Salyens ont ensuite succédé aux premiers ermites. Fait certain : les denses forêts des flancs de la Trévaresse ont été de hauts lieux druidiques, très fréquentés par les populations des villes environnantes.

Le temps des évèques

Au XIIème siècle, l'Evêque Pierre voit son fief lui être disputé par d'autres seigneurs, il en appelle au Pape Athanase IV lequel, dans une Bulle, évoquera la question et y parlera du "Castrum Santi - Cannati", affirmant bien ainsi la réalité du village et celle de son nom (balayant l'usage, sans doute général, de Castrum Sauzeto).
Mais Athanase IV meurt et Adrien IV lui succède à Rome. Différentes circonstances le conduiront en Provence, et il viendra même à Saint-Cannat (fév. 1156 -1157 selon le calendrier Grégorien).
L'y accompagnent le Saint empereur romain germanique Frédéric 1er Barberousse (qui donnera à Saint-Cannat sa première charte) et l'archevêque d'Arles (dont le diocèse de Marseille est suffragant).

Vers la fin du même XIIe siècle, les Comtes de Provence Alphonse et Sanche (de la Maison de Barcelone) confient à l'évêque Foulques de Thorame le fief de Saint-Cannat, que l'évêque Benoît d'Alignan agrandit de deux autres châtellenies : Alleins et Valbonnette.

Saint-Cannat n'échappera pas aux troubles du XIVe siècle ; le village se révoltera même contre son Evêque et donnera allégeance au Seigneur des Baux, puis (curiosité de l'Histoire de Saint-Cannat) aux rois de Sicile (Frédéric III de la Maison d'Aragon ou Louis de Tarente, 2e époux de Jeanne Ière, le point reste à préciser).
L'épisode ne durera que trois ans (1357-1360) ; mais bien que rendu à son suzerain légitime, Saint-Cannat restera rebelle. L'évêque Jean Alardeau, lassé, obtiendra de son ami le roi René l'échange de Saint-Cannat contre la Baronnie d'Aubagne (Fév. 1473 - 1474).

Cité du Roy René

Une page d'histoire est tournée pour Saint-Cannat qui quitte le Domaine de l'Eglise.
Avant d'aborder la nouvelle période qui s'ouvre avec le roi René, premier seigneur non évêque de Saint-Cannat, il faut rappeler que les Templiers, établis dans la puissante commanderie (aujourd'hui dite de la Bargemone) ont fondé un prieuré, légèrement au nord du Hameau de Saint-Cannat.

Cette fondation du XIIIe siècle est presque aussi la seconde du village, puisque les Templiers une fois disparus (en 1342 dans le Comté de Provence), leur commanderie deviendra le site définitif du village, ceint de remparts dès la fin du XIVe siècle.

Une autre curiosité de l'Histoire de Saint-Cannat, date de cette époque : l'église conventuelle de l'Ordre (sur l'emplacement de laquelle se dresse l'actuelle église paroissiale) étant réservée aux chevaliers, la population prit pour paroisse une chapelle, Notre-Dame de vie (du VIIe siècle, aménagée dans les Xe et XIIe s.iècles, ruinée en 1909), toujours maintenue à son usage, même quand elle se situera hors des murs : il nous en reste encore aujourd'hui le nom de la paroisse !

Par l'échange conclu par Jean Alardeau, Saint-Cannat devient donc, après d'autres (Angers, Aix…) l'une des cités du roi René, et avec les Anjou débute le temps des seigneurs issus des plus célèbres familles de Provence.

Le temps des seigneurs : de René d'Anjou aux Suffren

René d'Anjou
René d'Anjou, roi de Jérusalem et de Sicile, duc d'Anjou et duc de Bar, comte de Provence, seigneur de Lambesc (en 1473 - 1474), devient donc seigneur de Saint-Cannat.
Un mois après avoir acquis ce fief, il lui accorde le privilège de tenir foire, pour la fête de Notre-Dame (acte confirmé en novembre de la même année) ; cette foire, si elle n'est plus aujourd'hui celle des amandes, des chardons cardères, de la garance, des oignons et des aulx (ces derniers étant réputés dans toute la contrée), reste cependant fidèlement perpétuée de nos jours.

Jean d'Anjou
Le roi René, toujours en 1474, règle une partie de sa succession en faveur de son fils naturel, Jean dit "le Bâtard d'Anjou", qui lui succède à sa mort et devient marquis de Pont-à-Mousson, seigneur de Saint-Rémy, et second seigneur de Saint-Cannat.
Jean épouse Marguerite de Glandevès, qui lui donne une fille : Catherine d'Anjou, laquelle apportera à son mari, François de Forbin-Soliers, ses droits sur Saint-Cannat (1525).

Les Forbin-Soliers & les Covet de Marignane
Ils conserveront Saint-Cannat jusqu'en 1646, date à laquelle Bernard de Forbin - Soliers cède la seigneurie à son beau-frère Henri de Covet de Marignane.
Si le roi René avait fait aménager l'ancien château des évêques, les Covet de Marignane le trouvent trop incommode et l'abandonnent.
Ils construiront le Château-Neuf, vaste bastide accolée à l'ancien rempart face à la route d'Aix (emplacement de l'actuelle Mairie) agrémentée de jardins et de fontaines, dont celle de style aixois à quatre canons (la fontaine Seigneuriale de Notre-Dame, Place Gambetta).

Jean-Baptiste de Bruny
En 1715, Joseph-Marie de Covet vend son fief, avec le Château à peine achevé, à Jean-Baptiste de Bruny, seigneur de la Tour d'Aigues.
Ce Bruny (plus tard Baron), négociant et armateur, donnera le nom de Saint-Cannat à l'un de ses navires.

Les Suffren
Sa fille Marie-Hiéronyme, dite Dame de Saint-Cannat, avait épousé, en 1711, Paul de Suffren-Saint-Tropez. A la mort de son père (1723) et malgré les protestations de son frère François (qui se dira de Bruny-Saint-Cannat, jusqu'en 1730), Marie-Hiéronyme revendiqua l'héritage de Saint-Cannat, appuyée en cela par les Suffren (Paul, son mari, se titra même baron de Saint-Cannat).

Le jeune roi Louis XV tranchera en faveur des Suffren érigeant la seigneurie en marquisat, au profit de Paul de Suffren et de sa descendance (1725).

Les Suffren

Une tradition veut que les Suffren soient originaires de Toscane (de Lucca) ; portant alors le nom de Suffredi, ils auraient émigré en Provence dans le courant du XIVe siècle.
Etablis à Salon-de-Provence et y bénéficiant de la faveur des archevêques d'Arles (qui, au château de l'Empéri, avaient leur résidence d'été) ils oeuvrèrent à leur intégration.
Ils changèrent leur nom en Suffren, firent d'heureuses alliances avec d'anciennes familles provençales. Durant les XVe et XVIe siècles, ils occupèrent diverses charges de robe, des postes de consul et de trésorier de la ville de Salon.

En 1557, par lettres patentes du roi Henri II, Jean Suffren est anobli. Palamède de Suffren, son petit fils, sera à l'origine de la branche aînée, dite des marquis de Suffren (éteinte, en ligne masculine, en 1974).
Jean-Baptiste de Suffren, frère puîné de Palamède, sera quant à lui à l'origine de la branche cadette.
Cette dernière lignée ajoutera à son patronyme le nom de Saint-Tropez, après que ce fief eut été apporté en dot (en 1677) à Joseph-Jean-Baptiste de Suffren, par Geneviève de Castellane-Saint-Juers.

Et c'est de ces Suffren-Saint-Tropez que sont issus les marquis de Saint-Cannat et le célèbre Bailli (1729-1788).

Le bailli de Suffren

Le Bailli de Suffren en grand uniforme d’officier général de la Marine (peint par Pompeo Batoni).
Né au château de Saint-Cannat,
 le 17 juillet 1729, Pierre-André est le 3ème fils de Paul de Suffren-Saint-Tropez et de Marie-Hiéronyme de Bruny.
Ses deux aînés sont, l'un, le second marquis de Saint-Cannat et brillant homme d'arme,l'autre, Louis-Jérôme, archevêque de Sens, mais qui restera davantage dans les archives régionales pour avoir été évêque de Sisteron.

Pierre-André est tout naturellement destiné aux armes, puisque cadet. Ainsi, il rejoint la Royale (la Marine du Roi).
Après une jeunesse turbulente, mais aussi studieuse, passée à Saint-Cannat, à Richebois (fief familial de Salon) et à Saint-Tropez (où il découvre la mer) , il est envoyé au collège des Jésuites de Toulon, puis aux Gardes de la Marine.
C'est alors qu'il connaîtra son premier combat (le 19 février 1744, il n'a même pas 15 ans), à la Bataille du Cap Sicié.

Les Antilles, le Canada sont ensuite ses horizons ; il s'y distinguera par sa bravoure, dans des affrontements aux issues plus qu'incertaines.
Il connaîtra aussi l'infortune d'être fait prisonnier, par les Anglais (1747).
Libéré en 1748, fait enseigne de vaisseau, il part (1749) pour Malte, dont l'Ordre le compte parmi ses Chevaliers de minorité ; il y fait ses "Caravanes", devient ainsi Chevalier de majorité et y fait le choix d'être Profès (chevalier ayant prononcé ses vœux : obéissance, pauvreté, chasteté).

Puis, reprenant le service du roi, il sera des combats de Port-Mahon, Minorque (1756) , de la triste journée de Lagos, Portugal (1759), où il est à nouveau fait prisonnier par les Anglais.
Libre quelque temps après, il participe à l'expédition de Larache (1756) et sera un des seuls commandants à s'y battre avec succès. Cette terre du Maroc qu'il vient, par là de découvrir, l'intéresse ; et il voudra y retourner...
Il obtiendra d'accompagner l'ambassade du comte de Brugnon à Marrakech. La même année (1767), il reçoit le grade de capitaine de frégate , puis il devient capitaine de vaisseau, en 1772.

Cinq années plus tard, il commande le "Fantasque" et c'est avec ce bâtiment qu'il est de l'Escadre de l'Amiral d'Estaing, aux Antilles. Il se distingue, prouve sa hardiesse mais enrage de ne pouvoir faire davantage.

La campagne des Indes lui donnera enfin l'occasion de s'appuyer sur son expérience et de connaître (malgré bien des drames et les trahisons) ses plus grandes victoires et la gloire : à La Praya - (avril 1781) et à Gondelour (juin 1783).
La paix lui fait reprendre le chemin de la France. Il est fait vice-amiral par Louis XVI, chevalier, puis commandeur, enfin bailli de l'Ordre Souverain de Saint Jean de Malte, le roi lui accorde les Grandes Entrées à Versailles (1748).

Mais Louis XVI lui refuse le commandement de l'Escadre Croix, le nomme ambassadeur et lui propose la direction des Etats Généraux de 1789 mais la mort du Bailli (8 décembre 1788 à Paris) met fin au projet.

Il nous reste aujourd'hui le souvenir d'un homme d'exception, un véritable aventurier, parmi les plus grands marins Français, profond réformateur de notre Marine de guerre, ayant mis en place les premières formules d'avancement au mérite, dans une chaîne de commandement qui privilégiait jusque-là l'origine des officiers.

La Ville de Saint-Cannat était marraine de la Frégate Lance Missiles Suffren en service actif dans la Marine Nationale depuis le 2 Septembre 1989. Depuis désarmée.

Les temps modernes

Saint-Cannat fut durant la monarchie capétienne, une étape de la Route Royale, reliant Paris à Antibes.

En 1814, l'empereur Napoléon qui vient d'abdiquer traverse la France pour rejoindre son royaume de l'Ile d'Elbe et passe, sans gloire et vite (et pour cause) par le village... Ainsi, et par voie de conséquences, ses habitants connurent l'occupation autrichienne, en 1815.

En Mai 1816 Saint-Cannat accueille la Princesse Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de Berry, fille de François, duc de Calabre (lequel succèdera, en 1825, à son père Ferdinand 1er, sur le trône des Deux-Siciles). Cette princesse que l'on reçoit avec grand faste vient épouser le duc de Berry, fils du comte d'Artois (futur roi Charles X).

Marie-Caroline de Bourbon-Sicile sera la mère du comte de Chambord (dit Henri V de France), lequel ne régnera jamais , suite à la chute de la monarchie des Bourbon en 1830.
Marie-Caroline repassera par Saint-Cannat en 1832, en bien moins bel équipage et sans recevoir ni honneurs ni hommage.

Il est vrai que, depuis 1816, bien des choses ont changé : l'assassinat du duc de Berry (1820) , la révolution de 1830 avec l'accession au trône de l'Orléans Louis-Philippe (qui adhéra au drapeau tricolore) et l'exil de Charles X et de sa famille, dont le comte de Chambord, son successeur désigné.

En 1827, une réception encore, pour "la Princesse venue d'Egypte" qui suscita grande curiosité et qui n'était rien moins que la Girafe offerte par le pacha d'Egypte au roi Charles X !

Le XXe siècle

Le début du XXe siècle va marquer cruellement les pierres de Saint-Cannat et tout le canton avec le tremblement de terre qui a entièrement détruit la ville le 11 Juin 1909.
A cette catastrophe, les villages voisins de Rognes et Lambesc restent associés, ainsi que Vernègues qui garde encore les ruines de son vieux village détruit.
A Saint-Cannat, on devine pourtant à peine ce que fut ce désastre, puisque la ville a été entièrement rebâtie.
Mais les murailles médiévales, les châteaux, les belles maisons de la Renaissance, les vestiges laissés par l'Ordre du Temple, les ruelles étroites, les remparts et arcs des anciennes portes et toutes les constructions du passé sont à jamais perdus...

Quelques dates

En 1927 : Consécration de la nouvelle église (Paroisse Notre-Dame de Vie)
Vers 1930, la Mairie est installée dans les bâtiments reconstruits sur l'emplacement du Château de Saint-Cannat .
En 1949 : Le Musée ''Suffren et du Vieux Saint-Cannat'' est ouvert au public. Il est installé en Mairie, symboliquement lieu de naissance du Bailli de Suffren ; il y restera jusqu'en l'an 2000. La succession du Fondateur Georges Baussan revient en 1968 au Baron Henri Double qui assurera la Présidence de l'Association jusqu'en 1991.
En 1991, c'est à Jean-Claude Klein que passe cette responsabilité et celle de la gestion du Musée . Comme ses prédécesseurs il s'active à la sauvegarde du Patrimoine, au développement du Musée.
En 1956 : Grand gel qui détruit oliviers et amandiers. 
En 1984 et 1994 : graves inondations provoquant de nombreux dégâts.